C’est fou comme une seule partie de pêche de 2-3h peut vous faire oublier un gros mois de travail éprouvant et les rares sorties trop courtes sans toucher un “vrai” poisson.
Ce mercredi soir, le ciel est couvert et l’ambiance orageuse… Je suis de retour à la rivière ! Mais tout d’abord revenons sur ce mois de Mai qui a bien failli passer sans aucune truite pour moi ! Une sortie en ruisseaux ratée fin Avril et puis les fortes précipitations qui ont gonflés les rivières à plusieurs reprises rendant difficiles les fenêtres de sorties. Il y avait de quoi ne pas me faire regretter d’avoir accepté plusieurs commandes qui ont occupé mes soirées et week-end de Mai ( Je suis webdesigner free lance ).
J’ai tout de même trouvé le temps dans le mois, un jeudi férié pour enfin caller une sortie avec les amis Romain et Mickael… Une journée très difficile malgré un début fracassant de Romain dans les 30 premières minutes avec ce chevesne et cette perche.
C’est sur le soir que l’on a retrouvé un peu d’activité. Romain en a profité pour faire enfin cette superbe truite en bait-casting s’il vous plait !Mickael doit se contenter seulement d’un masta chevesne.Mais c’était avant tout une belle journée placée sous le signe de la rencontre, de la découverte et du partage. Nous avons également pu observer une petite truite de 40cm rabattre des petits poissons blancs en bordure pour ensuite venir taper dedans…
Je monte un peu plus haut et comme le niveau a baissé, je peux enfin passer à gué pour faire mon petit parcours fétiche des coups du soir… Sur les premiers postes, j’aperçois une grosse masse noire s’approcher comme une fusée de mon Imatetra tri pour repartir aussi vite. J’ai beau insister elle ne revient pas.
Déjà à mi parcours, j’arrive sur un beau poste que je sais habité par un très beau poisson. Vous vous souvenez peut-être de cette truite de 60 cm que j’avais observé en chasse dans 10cm d’eau lors d’un coup du soir début Avril ? Moi je ne l’ai pas oubliée et je peigne le poste de loin en lançant vers l’amont, en prenant soin de faire aussi la berge peu profonde où je l’avais vue la dernière fois. Mais elle n’est pas là.
Je suis désormais 10-15m au dessus poste et je fais travailler avec la force du courant un Farina 90S. C’est d’ailleurs comme celà que le Farina travaille le mieux : en pêchant vers l’aval en s’appuyant sur la force du courant pour peigner méticuleusement le fond de la rivière ( comme pour pour pêcher le saumon ! ). Et soudain c’est la touche violente qui sort 3 mètres de tresse de l’Alpax. Elle était bien là !
Ca sonde à tout va, elle hésite entre aller dans les branches ou descendre. Finalement après 2-3 tours elle décide de ne rien faire. Je la vois, à 50cm sous la surface jouant de son poids et de la force du courant elle ne bouge quasiment plus ! C’est comme si ce gros poisson avait décidé avec nonchalance que je ne méritais pas le combat. Ma Shinjin ML est déjà sérieusement pliée et le poisson ne vient toujours pas. Je suis en tresse et fluoro 24% mais je ne vais tout de même pas tirer comme un bourrin dessus ! Finalement je tente de la faire basculer peu à peu pour l’échouer sur ma berge. Je gagne peu à peu du terrain mais ouch !! Une chandelle et la voilà repartie au milieu de la rivière. Je parviens quand même à l’amener à 2 mètres du bord. Je redoute cet instant où le poisson sentant la berge venir et voyant le pêcheur pressé de conclure, livre un ultime rush ou chandelle. J’y vais donc doucement sans précipitation et comme prévu elle enchaine alors rapidement coups de têtes et vrilles sous l’eau pour tenter un ultime décrochage. Ce qui lui vaudra d’être bien saucissonnée dans le bas de ligne. Elle se décroche finalement toute seule mais dans l’épuisette ! Ouf ! Ca flirt avec les 60 centimètres !
Je n’ai pas la présence d’esprit de la mesurer et la laisse repartir comme ça. Je repense alors à cet instant, presque 2 mois plus tôt où je l’avais vue à côté de moi en train de chasser bruyamment dans peu d’eau… J’ai le sentiment que la boucle est bouclée.
Je m’assois quelques minutes pour rassembler mes esprits et puis je continue sur la petite moitié restante du parcours.
Je prospecte de la même manière : quelques lancers vers l’amont pour “nettoyer” la zone avant d’approcher. Mais encore une fois, c’est en peignant soigneusement un poste vers l’aval avec mon Farina 90S que j’enregistre une nouvelle touche ! La défense est beaucoup plus vive et je dois prendre soin de régler le frein pour libérer un peu de fil avec les rushes qui s’enchainent. J’aperçois enfin la truite qui me semble étrangement petite dans l’eau par rapport à la précédente. Le “petit” bolide rejoint l’épuisette et après mesure accuse tout de même 52cm…
Détail notable : elle a des barres et points de pigmentations rouges sur certaines nageoires.Elle reste alors quelques secondes à mes pieds sous l’eau avant de repartir sur son poste…Je continue a faire quelques coups mais la concentration n’est plus là. C’est que je n’ai pas vraiment l’esprit à faire du score et me contente habituellement largement d’un seul poisson au dessus des 50cm ! Et puis les moustiques ont fini par avoir ma peau. Je rentre le coeur léger.