La pêche du saumon pendant une semaine
Pêcher le saumon était un vieux rêve d’adolescence… Un rêve de pêcheur parmi de nombreux autres que j’ai eu la chance de réaliser tout juste avant mes 30 ans. Tout un symbole ! Le saumon atlantique ( salmo salar ) est une créature fascinante et énigmatique exerçant pour ma part, un fort pouvoir sur mon imaginaire de pêcheur de salmonidés. Pouvoir pêcher une rivière à saumon est déjà un privilège en soi, et en toucher un représente le graal d’une quête que nous nous sommes appliqués à poursuivre en véritables marathoniens de la pêche avec l’ami François…
1500 kilomètres. C’est à peu près la distance que nous avons parcouru en voiture avec François pour nous rendre au coeur des plus belles rivières Écossaises. “It’s a long long road…” Traversée de la France puis de l’Angleterre pour arriver enfin en terres sacrées. Comme le dirait un camarade Scottish croisé dans un pub : ” La meilleure partie de l’Angleterre ? - La route qui mène en Écosse !… ” Pas vraiment de temps pour le tourisme, nous avons prévu de pêcher 6 jour. Nous nous arrêtons tout juste pour prendre quelques photos de rivières Écossaises prestigieuses :
5 minutes au bord d’une belle rivière, juste le temps qu’il fallait pour voir 2 saumons marsouiner et photographier ces oiseaux qui semblent accompagner la migration des poissons.
Puis nous croiserons à plusieurs reprises la mythique rivière Spey, berceau du fameux “Spey cast”.
Un petit passage également dans les “Highlands” pour voir un peu de relief, un petit lac et ce petit ruisseau, probablement jamais pêché. C’est d’ailleurs une chose qui m’a le plus frappé en Écosse : les ruisseaux semblent complètement délaissés… Je ne peux m’empêcher d’imaginer le potentiel pour celui qui pratiquerait à l’ultra léger…
Toujours sur la route, nous apercevons de nombreuses grandes cheminées fumantes mais nous ne ferons que croiser ces distilleries aux noms bien connus par les amateurs de wiskey…
Nous arrivons enfin à destination. La première chose que nous faisons ? Aller voir le niveau de la rivière of course !
Le parcours de la ville, comme les autres d’ailleurs semble particulièrement bien entretenu. Quelques éléments donnent le ton…
La chance... Un facteur très important dans la pêche du saumon
Enfin passage par la gastronomie locale… Indienne ! Avant de rejoindre le confortable et très accueillant B&B où nous séjournerons pendant cette semaine.
Pêche du saumon en Écosse : Jour 1, la découverte
Pour commencer la journée, encore un peu de gastronomie avec le petit déjeuner typique des îles britaniques. De quoi prendre des forces pour la journée et 2kg pendant la semaine.
Bon. On est quand même la pour pêcher ! Premier parcours pour découvrir la rivière aux eaux typiques couleur thé mais plutôt claires et avec un niveau plutôt bas en ce lundi matin.
J’attaque la partie en amont d’un seuil tandis que François se place en aval.
3 lancers et déjà la première touche qui me fout une grosse claque dans le poignet. J’insiste un peu et quelques lancers plus tard le poisson est pendu. Ma première truite de mer affiche 46cm. ça commence plutôt fort ! Le leurre, je vous laisse voir mais ça n’est pas une surprise.Direction la partie supérieur du parcours pour l’après midi et je découvre à quel point les parcours sont vraiment bien équipés et entretenus… Quand vous prenez une carte sur un parcours à la journée, celà inclus aussi ce genre de petite cabane, ainsi que la tonte régulière des berges, et toute la gestion qu’on ne voit pas forcément au premier coup d’oeil…
Température moyenne en cette fin Juin : 12°…Dans la cabane, des affiches et cadres divers prolongent l’ambiance.
Des fragments d’histoire trainent sur le rebord de la fenêtre… Ces restes de pêche et hameçons tordus ou cassés donnent une idée des passagers que l’on peut rencontrer dans la rivière…
Début d’après midi, j’attaque la queue de pool sur ce seuil à la limite du décrochage dans la veine puissante en dessous.
Je m’applique à bien lancer et à passer au plus près des rochers. La touche ne se fait pas attendre. J’ai du mal à brider le poisson et le laisse passer le seuil en priant pour qu’il ne se décroche pas dans les rochers, pour ensuite rapidement le basculer de mon côté de la berge. Il s’agit d’une superbe Fario de 54cm qui s’est emparée du Farina par le côté !
Ce poisson magnifique me fait d’autant plus plaisir qu’elle provient d’un milieu acide granitique ! Je m’en rendrais compte un peu plus tard, mais même ces grosses farios ne semblent pas passionner particulièrement les Écossais. C’est un peu comme si nous on prenait du chevesne en cherchant la truite…
Le haut du parcours pourtant magnifique ne donnera pas d’autre poisson… Du moins pour aujourd’hui.
Le repos du guerrier : Y a pire comme coin pour s'asseoir !
Après un superbe cassoulet en guise de diner dans la cabane, malgré la fatigue nous prolongeons notre coup du soir car la pêche de nuit est autorisée. Sur le coup des 23h François se prend une violente touche dont la responsable est cette très jolie truite de mer de 54cm qui livre alors un très beau combat :
Pêche du saumon en Écosse : Jour 2, 1er saumon.
Il a plu un pendant la nuit et la rivière a pris 20cm mais reste pêchable. On change de parcours.
Nous passons un peu de temps sur un pool qui ne paye pas de mine mais dont François connait le potentiel. Au bout de quelques instants nous notons même une belle activité avec quelques sauts de saumons… Arrive alors ce qui devait arrivé, François accroche un saumon pas vilain… Le combat dure un certain temps, ça sonde et ça tire sévère et après un épuisetage de maitre je vois enfin de près à quoi ressemble un saumon ! Ce mâle de 75cm réside déjà depuis un petit moment dans la rivière et a commencé son changement de parure.
Pour ma part je décroche un poisson au moment ou ma cuillers Toby touche l’eau. 2 coups de tête, le poisson se décroche et fait un bond juste après. Ca n’avait pas l’air vilain !
J’aurais beau pilonner avec toute la boite de leurres, finalement, je ne prends qu’une vieille capote volante qui trainait au fond de la rivière… Capote volante = Flying Condom = Notre bonne vieille cuiller quimperloise
Pêche du saumon en Écosse : Jour 3, chaud et sans poissons
Retour sur le même parcours que la veille, mais l’eau a baissé, le soleil brille et il fait même presque chaud. C’est la journée “fishless”.
Nous rencontrons 2 pêcheurs Écossais, en road trip camping-car sur les rivières Écossaises pour la retraite de ce monsieur :
Durant cette semaine de pêche, ce fut un vrai plaisir d’échanger avec les Écossais, qu’ils soient pêcheurs ou non pêcheurs d’ailleurs !
Nous profitons du peu de soleil de cette semaine avec 1/4 d’heure de sieste.
Pêche du saumon en Écosse : Jour 4, la poisse !
De retour sur le parcours du 1er jour. Nous repêchons le seuil qui m’a rapporté ma truite de mer. François ressent une tape manquée et on aperçoit un joli remou juste derrière son leurre. J’enchaine juste après et décroche le premier joli poisson du jour qui sera suivi d’une longue série de la malchance et maladresse…
Un peu plus bas, sur un joli pool, je tape une jolie fario toute noire au Farina deep 85F qu’il a fallu aller chercher au fond du pool dans son rocher.
A l’approche d’un joli seuil, je vais encore jouer de malchance ou de maladresse 2 fois de suite. Je touche un très beau poisson, toujours avec la même méthode. On a même le temps de l’aperçevoir… Probablement une Fario qui fait ses 60cm bien tassés !… Impossible de la brider, elle s’engage dans la veine d’eau puissante et se décroche en se frottant contre un rocher.
Dans le pool juste en dessous du seuil, François me dit de lancer, juste au cas où… 1er lancer et je tape aussitôt un poisson, un peu moins gros, peut-être dans les 45-50cm, en plein milieu du courant. Encore décroché !
Du coup à chaque accrochage dans le fond, on tente tout pour ne pas perdre le leurre magique !…
Mission décrochage accomplie
On s’attaque alors au seuil où j’ai fais ma belle fario le lundi. Rien au dessus. En dessous, je peigne soigneusement une petite zone un peu plus calme en bordure de la tête du courant et nouvelle touche !! Ca fait dans les 50-60cm aussi. Même coup que l’autre, le poisson descend le courant. Je tente de le brider et arrive presque à l’amener de mon côté pour l’échouer. Mais je bride à mort pour ne pas qu’il reparte dans une autre zone de rochers. Du coup le poisson fait deux ou trois tours sur lui même en surface et se décroche !
Pêche du saumon en Écosse : Jour 5, “don’t ever give up !”
Nous passons comme tous les matins prendre notre carte à la journée. Frank du magasin de pêche nous dit qu’il a plu dans les montagnes. Le parcours amont de la veille a monté de 60cm… Mais le parcours un peu en aval est encore pêchable. L’eau est encore claire, du coup je remets mon Farina de la veille.
Je m’applique à bien peigner la queue de ce pool.
François effectue aussi un rapide passage. Je repasse alors peut-être plus lentement encore une fois et soudain, à la limite de l’accélération de la veine d’eau en dessous du pool, juste devant un rocher que je devine à peine, c’est la touche ! Violente, qui me prend 3 mètres de fils ! C’est un peu plus sérieux que la veille cette fois-ci. Le poisson hésite à partir vers la berge d’en face ou à venir vers moi. Finalement il se positionne à 5 mètre au fond devant moi, sans bouger. Je n’ai toujours pas vu à qui j’ai à faire. Ca ressemble au calme avant la tempête et je fais bien de desserrer un peu le frein… Car très rapidement il me fait un rush suivi d’une superbe chandelle. Je vois enfin qu’il s’agit d’un saumon frais de taille correcte ! J’essaye de ne pas trop y penser pour ne pas paniquer mais à vrai dire je ne fais vraiment pas le malin… D’autant plus que les rushes vont s’enchainer en faisant siffler le frein… Je garde le souvenir d’un combat violent pas de tout repos… Quelques minutes plus tard qui semblent durer une éternité, le poisson rejoint enfin l’épuisette ! Crie de joie. Missions accomplie. Mon premier saumon est frais et mesure 75cm.
Je prends le temps de savourer cette prise. Peut-être trop d’ailleurs, il aurait fallu enchainer rapidement car il n’est pas tout seul à remonter. 30 minutes plus tard, la rivière est en crue et le niveau a monté de 60cm… La pêche du jour est terminée !
On prend donc le temps de savourer tout ça dans le cabane, et de remplir le carnet de prises.
Sur le mur ce dessin illustre parfaitement l’état d’esprit de la semaine…
François m’avait bien dit que la pêche du saumon était un vrai marathon, tant physiquement que mentalement il ne faut rien lacher !
On en profite pour se détendre un peu avec les produits locaux… Après tout, je viens de prendre mon premier saumon !
La rivière étant vraiment impêchable nous décidons d’aller voir à quoi elle ressemble quelques kilomètres en aval…
Nous y croisons 2 pêcheurs qui ont fait capot sur toute la semaine… Du coup on s’estime vraiment bien content !!
Le soir, on fête ça au pub avec un bon steak et avec des Écossais qui insistent pour nous payer des tournées “parce qu’on est en vacances”… Vraiment sympas ces Écossais ! Ils nous posent pas mal de questions : Est-ce que c’est vrai que chaque Français boit une bouteille de vin par diner ? - Je réponds oui. Est-ce que vous mangez des grenouilles ? - Non. Est-ce que vous aimez l’Angleterre ? Est-ce que vous aimez l’Écosse ?
Pêche du saumon en Écosse : Jour 6, dernier jour
A la boutique, Frank nous dit que la rivière est encore haute. Nous décidons quand même de pêcher. Avant de lui dire aurevoir il me fait cadeau d’une bouteille de whisky pour mon premier saumon ! Quand je vous dis qu’ils sont vraiment sympas ces Écossais !!
La rivière pousse encore très fort, l’eau est sombre mais pas chocolat comme la veille. On pêche quand même, même si je préfère les eaux basses et claires.
On refait aussi les noeuds éprouvés par le combat de la veille.
Finalement, on décide d’aller sur le seuil du premier jour où j’ai fais mon premier poisson. J’ai un bon feeling avec ce seuil, à chaque fois on a touché du poisson !
Bonne idée puisqu’au premier passage François concluera notre séjour par cette superbe fario de 48cm !
Bilan du séjour très satisfaisant ! D’autant plus qu’après avoir analysé la moyenne des prises depuis le début de saison, on est plutôt dans la moyenne haute !
J’ai fais mon triplé fario, truite de mer, saumon… Et la saumonite me guette !